Une entreprise doit mettre en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi dans des circonstances précises définies par la loi. Ce dispositif obligatoire intervient lors de licenciements économiques collectifs et constitue une protection pour les salariés concernés. Analyser ces situations permet aux dirigeants et représentants du personnel de mieux appréhender leurs droits et obligations.
Le PSE devient obligatoire lorsque l’entreprise compte au moins 50 salariés et envisage de licencier 10 personnes ou plus sur une période de 30 jours consécutifs pour motif économique. Ces seuils fixés par l’article L. 1233-61 du Code du travail déterminent l’obligation de mise en œuvre de ce dispositif de protection.
Les critères légaux déclenchant l’obligation de PSE
La législation française impose des conditions précises qui déterminent l’obligation pour une entreprise de mettre en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Selon l’article L. 1233-61 du Code du travail, deux critères cumulatifs doivent être réunis : l’entreprise doit employer au minimum 50 salariés et envisager un licenciement économique concernant au moins 10 salariés sur une période de 30 jours consécutifs. Le calcul de ces seuils s’effectue en prenant en compte l’ensemble des salariés présents dans l’entreprise ou l’unité économique et sociale, qu’ils soient en CDI, CDD ou en contrat de travail temporaire.
Les seuils d’effectifs et de licenciements déclenchant le PSE
Le seuil de 50 salariés se calcule selon les modalités prévues par le Code du travail. Pour déterminer si le seuil de 10 licenciements est atteint, l’employeur doit comptabiliser tous les licenciements économiques prononcés sur une même période de 30 jours consécutifs, y compris ceux résultant du refus d’une modification substantielle du contrat de travail pour motif économique. La DREETS vérifie scrupuleusement le respect de ces critères lors de l’instruction du dossier.
Les conséquences juridiques du non-respect de l’obligation
L’absence de PSE alors que les conditions légales sont réunies expose l’employeur à des sanctions particulièrement lourdes. Les licenciements prononcés sans plan peuvent être frappés de nullité par le juge, ouvrant droit à la réintégration des salariés ou, à défaut, au versement d’une indemnité minimale correspondant aux salaires qu’ils auraient dû percevoir entre leur licenciement et leur réintégration. L’employeur s’expose également à des sanctions pénales et financières.

Les situations économiques justifiant un licenciement collectif
Le licenciement économique collectif trouve son origine dans différentes situations que l’employeur doit être en mesure de justifier avec précision. L’article L. 1233-3 du Code du travail établit quatre causes légales distinctes qui peuvent conduire une entreprise à engager une procédure de licenciement économique nécessitant la mise en place d’un PSE.
Les difficultés économiques caractérisées
Les difficultés économiques constituent un motif de licenciement économique. L’employeur doit démontrer une baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires, des pertes d’exploitation importantes ou une dégradation de la trésorerie. Ces éléments doivent être objectifs et vérifiables. À titre d’exemple, une entreprise du secteur textile confrontée à une diminution de 30% de son chiffre d’affaires sur deux trimestres consécutifs, accompagnée de pertes d’exploitation croissantes, peut invoquer ce motif. L’employeur doit fournir les bilans comptables, les comptes de résultat et les tableaux de trésorerie attestant de cette situation. Avant d’envisager les licenciements, l’entreprise doit avoir exploré toutes les pistes de redressement : recherche de nouveaux marchés, négociation avec les créanciers, réduction des coûts non salariaux.
Les mutations technologiques et la modernisation
Les mutations technologiques représentent un autre motif légal. Il s’agit de l’introduction de nouvelles technologies, d’équipements automatisés ou de systèmes informatiques qui modifient profondément l’organisation du travail et rendent certains postes obsolètes. Une société de production manufacturière qui investit dans des robots industriels pour automatiser ses chaînes de montage peut légitimement invoquer ce motif si les postes d’opérateurs deviennent superflus. L’employeur doit justifier la nécessité technologique par des études techniques, des benchmarks sectoriels et des analyses de compétitivité. La formation et la reconversion des salariés vers d’autres postes doivent avoir été préalablement envisagées et proposées dans le cadre du reclassement interne.
La réorganisation pour sauvegarder la compétitivité
La réorganisation nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité constitue également un motif reconnu. L’employeur peut restructurer son organisation sans être en difficulté économique immédiate, mais pour prévenir des difficultés futures ou maintenir sa position concurrentielle. Cette réorganisation peut impliquer la fermeture de sites, la rationalisation des structures ou la mutualisation de services. Par exemple, un groupe bancaire qui décide de regrouper ses back-offices régionaux sur une plateforme nationale unique pour réduire ses coûts de structure invoque ce motif. Les preuves nécessaires incluent des études de marché, des analyses concurrentielles, des projections financières et des plans stratégiques démontrant la menace sur la compétitivité. L’employeur doit avoir recherché des alternatives : mobilité géographique, télétravail, adaptation des postes.
La cessation d’activité définitive
La cessation d’activité intervient lorsque l’entreprise met fin définitivement à son exploitation. Cette cessation peut être totale ou partielle si elle concerne une branche d’activité spécifique. Une entreprise de distribution qui ferme définitivement son réseau de magasins physiques pour se concentrer uniquement sur la vente en ligne illustre cette situation. L’employeur doit prouver le caractère définitif de la cessation par des décisions officielles du conseil d’administration, des actes juridiques et des communications aux autorités compétentes. Même dans ce contexte, les obligations de reclassement demeurent : recherche de repreneurs potentiels, proposition de mobilité au sein du groupe si celui-ci existe, mise en place de cellules de reclassement externe.
Le rôle du CSE et la procédure de consultation obligatoire
La procédure de consultation du Comité Social et Économique constitue une obligation légale incontournable lors d’un projet de licenciement collectif. Cette consultation s’inscrit dans des délais stricts définis par la loi, dont la durée varie selon l’ampleur du projet et l’effectif de l’entreprise.
Les prérogatives étendues du CSE dans l’examen du projet
Le CSE dispose de pouvoirs étendus pour analyser le projet de licenciement économique. L’employeur doit lui transmettre l’ensemble des informations nécessaires à sa compréhension : les motifs économiques invoqués, le nombre de suppressions envisagées, les catégories professionnelles concernées, le calendrier prévisionnel, ainsi que les critères d’ordre des licenciements. Cette transmission doit intervenir avant la première réunion de consultation.
Depuis les ordonnances Macron, le CSE peut décider, lors de cette première réunion, de recourir à une expertise unique couvrant simultanément les aspects économiques, comptables et les conditions de travail. Cette faculté permet aux représentants du personnel de disposer d’une analyse globale et cohérente du projet.
Les conséquences d’une consultation irrégulière
Le non-respect de la procédure de consultation expose l’employeur à des sanctions sévères. Une information incomplète, des délais non respectés ou l’absence de réponses aux observations du CSE peuvent entraîner la nullité des licenciements prononcés. La DREETS, lors de l’instruction du dossier, vérifie systématiquement la régularité de cette consultation avant de se prononcer sur la validation ou l’homologation du document.
L’accompagnement expert dans l’élaboration et la validation du PSE
La complexité des procédures de restructuration et l’enjeu du contrôle administratif rendent indispensable un accompagnement technique rigoureux lors de l’élaboration d’un PSE. Depuis la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013, la DREETS exerce des pouvoirs de contrôle considérablement renforcés qui dépassent la simple vérification de la régularité formelle. L’administration procède désormais à une appréciation globale du projet, examinant la conformité du document aux dispositions législatives, la qualité de la consultation du CSE, la mise en oeuvre effective du contrat de sécurisation professionnelle et le respect des obligations en matière de recherche de repreneur.
Les axes de contrôle de la DREETS lors de l’homologation ou validation
Le contrôle exercé par la DREETS porte sur plusieurs dimensions du plan présenté. L’administration vérifie systématiquement que les mesures d’accompagnement correspondent à l’importance du projet, en tenant compte de l’employabilité des salariés et de la situation du territoire concerné. Elle s’assure également que l’entreprise a respecté ses obligations en matière de prévention des risques psychosociaux et de protection de la santé des travailleurs. Les efforts de formation déployés par l’employeur font aussi l’objet d’un examen attentif.
| Points de contrôle DREETS | Éléments vérifiés |
| Conformité juridique | Respect du code du travail et des conventions collectives |
| Procédure CSE | Régularité de l’information-consultation |
| Dispositifs de reclassement | Mise en place du CSP ou congé de reclassement |
| Recherche de repreneur | Respect des obligations légales le cas échéant |
| Prévention des risques | Mesures de protection de la santé des salariés |
CE Expertises : une référence dans l’accompagnement des procédures de restructuration
Depuis plusieurs années, CE Expertises s’est imposé comme un acteur de référence dans l’accompagnement des CSE lors des procédures de licenciement collectif. Le cabinet a développé une méthodologie d’expertise unique permettant de couvrir simultanément les aspects économiques, comptables et les conditions de travail, conformément aux possibilités ouvertes par les ordonnances Macron. Cette approche globale permet aux élus d’obtenir une vision complète du projet de restructuration et de ses conséquences.
Les interventions de CE Expertises se caractérisent par une analyse approfondie de la justification économique du projet, de la méthodologie employée par l’entreprise et des scénarios alternatifs envisageables. Le cabinet examine également les impacts financiers prévisibles et les répercussions sur les charges de travail des salariés maintenus dans l’emploi. Cette double compétence technique, alliant expertise économique et analyse des conditions de travail, facilite les négociations entre les parties prenantes tout en garantissant le respect du cadre légal imposé par le code du travail.

L’essentiel à retenir sur le PSE obligatoire
La mise en place d’un PSE répond à des critères stricts : entreprises d’au moins 50 salariés envisageant le licenciement d’au minimum 10 personnes sur 30 jours consécutifs. Cette obligation légale, renforcée depuis 2013, s’inscrit dans une démarche de protection sociale et d’accompagnement des restructurations. L’évolution réglementaire tend vers un contrôle administratif plus strict et un accompagnement renforcé des transitions professionnelles, préfigurant de nouvelles exigences en matière de responsabilité sociale des entreprises.